Le témoignage d’Abdullah Zaqut, qui a vécu dans le village d’ Isdud et fut expulsé en 1948.
" Je suis né à Isdud en 1923. Près de 4 000 personnes y vivaient. Je suis né dans une famille de ’falahim’ (paysans), de fermiers. Nous avions de la terre, des vignobles, des vergers. Isdud faisait partie des grands villages. Près de 60 000 dunums (10 dunums = 1 ha). Les habitants vivaient de l’agriculture. Pendant la deuxième Guerre mondiale, ils ont travaillé dans le camp de l’armée britannique. Une vie simple. Les gens mangeaient à leur faim. Il y avait beaucoup de vergers et de vignobles.
A 9 ans, je suis allé à l’école. J’ai étudié à Isdud pendant 5 ans, puis à Majdal pendant 3 ans et à Gaza, deux ans. J’ai commencé ensuite à enseigner. J’étais professeur à Isdud. Jusqu’en 1948, Isdud s’est trouvé dans la partie palestinienne du plan de partition. L’armée égyptienne est venue, et après la guerre contre l’armée britannique. Fin 1948, l’armée égyptienne a battu en retraite, nous sommes restés au village et avons encouragé les gens à rester. Nous voulions vivre avec les Juifs, coexister. A Isdud, sur environ 4 000 habitants, plus de 500 sont restés.
L’armée israélienne est venue et a décrété le couvre-feu. Après, les chefs de l’armée sont arrivés pour rechercher les avions qui s’étaient écrasés. Les jours suivants, ils nous ont dit de sortir dans la rue. Nous ne pensions pas qu’ils nous feraient tous prisonniers. Les jeunes, au-dessus de 17 ans, ont été faits prisonniers. Les vieux et les femmes furent expédiés à Majdal.
Après quelques jours, les chefs militaires israéliens ont ouvert la route de Gaza à Majdal. Fin 1948, il n’y avait plus de majorité arabe. Les Israéliens nous ont expulsés. Mais pour que cela ne se sache pas, ils ont prétendu que c’était les armées arabes qui avaient appelé les gens à partir, ce qui n’était pas vrai. Ils nous ont expulsés. Ils m’ont expulsé à Majdal. J’y ai enseigné. Il y avait un gouverneur militaire à Gadera, Zukerman, qui a essayé d’aider. Les gens commençaient à partir. La nuit, il y avait le couvre-feu. Nous vivions dans un ghetto. Nous sortions pour travailler avec des gardes, nous rentrions avec des gardes. On avait du travail, on y faisait notre vie. Après trois mois, ils ont décidé de nous expulser. L’armée venait la nuit pour effrayer les personnes. Ils ont donné de l’argent, des dessous de tables à des gens pour qu’ils vendent leurs biens et partent pour Gaza. Ceux qui ne voulaient pas partir à Gaza, ils les emmenaient à Lod. Une partie de ma famille est à Gaza.
Au début de l’année 1950, Zuckerman a quitté ses fonctions de gouverneur. D’autres sont venus. Ils ont décidé d’expulser les gens au début de l’année. Ils n’ont pas pu les chasser. Israël était reconnu par les Nations unies. Je faisais partie de ceux qui se sont opposés à l’expulsion, nous avons cru qu’il y aurait la paix, que les gens reviendraient et que nous pourrions habiter dans nos villages. Eux ont vu qu’il n’y arriverait pas de cette façon. Israël était nouveau, ils ne pouvaient pas nous empêcher de faire ce que nous avions projeté. Ils ont été doués pour ça, ils voulaient que le monde voie que ce n’était pas eux qui chassaient les gens tout de suite. Ils n’ont pas agi directement.
Ils ne m’ont pas laissé enseigner. Je voulais rester à Majdal, je ne partais pas. Nous étions tout un groupe à nous opposer à l’expulsion, des jeunes hommes instruits. Je n’ai pas collaboré. Ils m’ont déporté à Acre. Ils n’avaient pas encore commencé à expulser les gens alors, ils ne pouvaient pas, le monde regardait. Dans le ghetto de Majdal, les gens travaillaient. Des entrepreneurs juifs sont arrivés pour embaucher. Environ trois mille personnes vivaient dans le ghetto. Dans le milieu de l’année 1949, les juifs ont commencé à venir à Majdal, vivant à l’extérieur du ghetto. Je travaillais à la récolte avec les juifs. Les gens d’Amal venaient au ghetto boire le café. En avril 1950, je fus déporté à Acre.
Nous nous présentions nous-mêmes au gouverneur militaire de la Galilée occidentale. Chacun des villages de Galilée avait un gouverneur. Tous les matins, nous nous présentions ici. Après quelques semaines, ils m’ont déporté à Tarshicha. C’est le gouverneur qui m’a conduit d’Acre à Tarshicha. Il s’appelait Moshe Reiss, il disait que nous faisions de la propagande contre le gouvernement. Ils m’ont déporté parce que je m’étais opposé à l’expulsion de Majdal
Arrivé à Tarshicha, je devais me présenter deux fois par jour au poste de police. Pas de maison, pas de travail, rien, et il m’était interdit de sortir du village. Venir à la police, signer. J’ai demandé où était la famille Bishara, je cherchais quelqu’un qui aurait été lié à ma famille. Quand Ramle a été occupée, les habitants avaient capitulé aux conditions de l’armée, mais ils ont été néanmoins expulsés après quelques jours. Il y a eu un homme à rester et à exiger sa terre, ils l’ont déporté à Tarshicha. J’avais appris qu’il séjournait avec la famille Bishara. J’ai donc vécu là. Je me présentais au bureau de police, chaque jour.
Un jour, j’ai appris qu’il y avait une assemblée à Pki’in. Je voulais venir à cette assemblée pour savoir ce qui était arrivé à mon épouse et à ma fille. Il était interdit de sortir de Tarshicha. Ma femme et ma fille étaient restées à Majdal. Je suis arrivé à l’assemblée à Pki’in où la police est venu nous chercher, mais une personne m’a emmené dans la maison d’un falahim (paysan). La police ne m’a pas trouvé. Le jour suivant, je suis revenu à Tarshicha. La police m’avait cherché. Le capitaine m’a soutenu que je m’étais rendu à Pki’in et que je devais nettoyer les étables. J’ai refusé. Il m’a frappé. Je lui ai dit qu’il paierait pour cela. Il m’a remmené à Acre, puis de là, à Tarshicha. J’étais prisonnier. Le soir, des gens de l’armée se sont excusés pour les coups et ont déclaré que je serais libre à la condition que je ne me plaigne pas à la Knesset ou à un avocat. Libre à Tarshicha. Si je déposais une plainte, ils me testeraient. J’ai accepté. Je suis retourné dans la famille Bishara. Je voulais aller travailler, quitter la prison, j’ai accepté de ne pas porter plainte. Les membres du parti communiste ont voulu que je porte plainte et ils ont déposé une question parlementaire à la Knesset. Alors on m’a emmené au tribunal et j’ai été condamné à quatre mois de prison à Jaffa. J’ai été libéré en septembre 1950.
Je suis revenu à Majdal. L’armée contrôlait la ville. J’ai vu des gens, avec des meubles et des vêtements, ils voulaient aller en Jordanie. Certains voulaient rester ici. Le lendemain, on m’a remmené à Acre puis à Tarshicha. Je ne me présentais plus au bureau de police. J’ai travaillé un moment. En novembre 1950, j’ai reçu une lettre de mon épouse et de ma fille qui étaient à Lod. Je suis retourné à Acre pour obtenir l’autorisation de rentrer. Reiss, le gouverneur, était responsable de toute la Galilée. Il voulait que je reste à Tarshicha, il a dit qu’il me donnerait une maison, que je pouvais retourner travailler. Je lui ai dit qu’aussi longtemps qu’il porterait l’uniforme de l’armée, je ne le voudrais pas. Il m’a donné une lettre et je suis retourné à Lod, et de là, à Ramle selon les instructions du parti communiste, pour diriger une structure. Je ne voulais pas être en prison à Tarshicha. A Tarschicha, j’étais en prison, je ne pouvais pas dépasser les limites de la ville. A Ramle, j’ai travaillé dans l’agriculture, et plus tard, dans une usine, jusqu’à ma retraite. J’ai élevé 7 enfants."
" Je suis né à Isdud en 1923. Près de 4 000 personnes y vivaient. Je suis né dans une famille de ’falahim’ (paysans), de fermiers. Nous avions de la terre, des vignobles, des vergers. Isdud faisait partie des grands villages. Près de 60 000 dunums (10 dunums = 1 ha). Les habitants vivaient de l’agriculture. Pendant la deuxième Guerre mondiale, ils ont travaillé dans le camp de l’armée britannique. Une vie simple. Les gens mangeaient à leur faim. Il y avait beaucoup de vergers et de vignobles.
A 9 ans, je suis allé à l’école. J’ai étudié à Isdud pendant 5 ans, puis à Majdal pendant 3 ans et à Gaza, deux ans. J’ai commencé ensuite à enseigner. J’étais professeur à Isdud. Jusqu’en 1948, Isdud s’est trouvé dans la partie palestinienne du plan de partition. L’armée égyptienne est venue, et après la guerre contre l’armée britannique. Fin 1948, l’armée égyptienne a battu en retraite, nous sommes restés au village et avons encouragé les gens à rester. Nous voulions vivre avec les Juifs, coexister. A Isdud, sur environ 4 000 habitants, plus de 500 sont restés.
L’armée israélienne est venue et a décrété le couvre-feu. Après, les chefs de l’armée sont arrivés pour rechercher les avions qui s’étaient écrasés. Les jours suivants, ils nous ont dit de sortir dans la rue. Nous ne pensions pas qu’ils nous feraient tous prisonniers. Les jeunes, au-dessus de 17 ans, ont été faits prisonniers. Les vieux et les femmes furent expédiés à Majdal.
Après quelques jours, les chefs militaires israéliens ont ouvert la route de Gaza à Majdal. Fin 1948, il n’y avait plus de majorité arabe. Les Israéliens nous ont expulsés. Mais pour que cela ne se sache pas, ils ont prétendu que c’était les armées arabes qui avaient appelé les gens à partir, ce qui n’était pas vrai. Ils nous ont expulsés. Ils m’ont expulsé à Majdal. J’y ai enseigné. Il y avait un gouverneur militaire à Gadera, Zukerman, qui a essayé d’aider. Les gens commençaient à partir. La nuit, il y avait le couvre-feu. Nous vivions dans un ghetto. Nous sortions pour travailler avec des gardes, nous rentrions avec des gardes. On avait du travail, on y faisait notre vie. Après trois mois, ils ont décidé de nous expulser. L’armée venait la nuit pour effrayer les personnes. Ils ont donné de l’argent, des dessous de tables à des gens pour qu’ils vendent leurs biens et partent pour Gaza. Ceux qui ne voulaient pas partir à Gaza, ils les emmenaient à Lod. Une partie de ma famille est à Gaza.
Au début de l’année 1950, Zuckerman a quitté ses fonctions de gouverneur. D’autres sont venus. Ils ont décidé d’expulser les gens au début de l’année. Ils n’ont pas pu les chasser. Israël était reconnu par les Nations unies. Je faisais partie de ceux qui se sont opposés à l’expulsion, nous avons cru qu’il y aurait la paix, que les gens reviendraient et que nous pourrions habiter dans nos villages. Eux ont vu qu’il n’y arriverait pas de cette façon. Israël était nouveau, ils ne pouvaient pas nous empêcher de faire ce que nous avions projeté. Ils ont été doués pour ça, ils voulaient que le monde voie que ce n’était pas eux qui chassaient les gens tout de suite. Ils n’ont pas agi directement.
Ils ne m’ont pas laissé enseigner. Je voulais rester à Majdal, je ne partais pas. Nous étions tout un groupe à nous opposer à l’expulsion, des jeunes hommes instruits. Je n’ai pas collaboré. Ils m’ont déporté à Acre. Ils n’avaient pas encore commencé à expulser les gens alors, ils ne pouvaient pas, le monde regardait. Dans le ghetto de Majdal, les gens travaillaient. Des entrepreneurs juifs sont arrivés pour embaucher. Environ trois mille personnes vivaient dans le ghetto. Dans le milieu de l’année 1949, les juifs ont commencé à venir à Majdal, vivant à l’extérieur du ghetto. Je travaillais à la récolte avec les juifs. Les gens d’Amal venaient au ghetto boire le café. En avril 1950, je fus déporté à Acre.
Nous nous présentions nous-mêmes au gouverneur militaire de la Galilée occidentale. Chacun des villages de Galilée avait un gouverneur. Tous les matins, nous nous présentions ici. Après quelques semaines, ils m’ont déporté à Tarshicha. C’est le gouverneur qui m’a conduit d’Acre à Tarshicha. Il s’appelait Moshe Reiss, il disait que nous faisions de la propagande contre le gouvernement. Ils m’ont déporté parce que je m’étais opposé à l’expulsion de Majdal
Arrivé à Tarshicha, je devais me présenter deux fois par jour au poste de police. Pas de maison, pas de travail, rien, et il m’était interdit de sortir du village. Venir à la police, signer. J’ai demandé où était la famille Bishara, je cherchais quelqu’un qui aurait été lié à ma famille. Quand Ramle a été occupée, les habitants avaient capitulé aux conditions de l’armée, mais ils ont été néanmoins expulsés après quelques jours. Il y a eu un homme à rester et à exiger sa terre, ils l’ont déporté à Tarshicha. J’avais appris qu’il séjournait avec la famille Bishara. J’ai donc vécu là. Je me présentais au bureau de police, chaque jour.
Un jour, j’ai appris qu’il y avait une assemblée à Pki’in. Je voulais venir à cette assemblée pour savoir ce qui était arrivé à mon épouse et à ma fille. Il était interdit de sortir de Tarshicha. Ma femme et ma fille étaient restées à Majdal. Je suis arrivé à l’assemblée à Pki’in où la police est venu nous chercher, mais une personne m’a emmené dans la maison d’un falahim (paysan). La police ne m’a pas trouvé. Le jour suivant, je suis revenu à Tarshicha. La police m’avait cherché. Le capitaine m’a soutenu que je m’étais rendu à Pki’in et que je devais nettoyer les étables. J’ai refusé. Il m’a frappé. Je lui ai dit qu’il paierait pour cela. Il m’a remmené à Acre, puis de là, à Tarshicha. J’étais prisonnier. Le soir, des gens de l’armée se sont excusés pour les coups et ont déclaré que je serais libre à la condition que je ne me plaigne pas à la Knesset ou à un avocat. Libre à Tarshicha. Si je déposais une plainte, ils me testeraient. J’ai accepté. Je suis retourné dans la famille Bishara. Je voulais aller travailler, quitter la prison, j’ai accepté de ne pas porter plainte. Les membres du parti communiste ont voulu que je porte plainte et ils ont déposé une question parlementaire à la Knesset. Alors on m’a emmené au tribunal et j’ai été condamné à quatre mois de prison à Jaffa. J’ai été libéré en septembre 1950.
Je suis revenu à Majdal. L’armée contrôlait la ville. J’ai vu des gens, avec des meubles et des vêtements, ils voulaient aller en Jordanie. Certains voulaient rester ici. Le lendemain, on m’a remmené à Acre puis à Tarshicha. Je ne me présentais plus au bureau de police. J’ai travaillé un moment. En novembre 1950, j’ai reçu une lettre de mon épouse et de ma fille qui étaient à Lod. Je suis retourné à Acre pour obtenir l’autorisation de rentrer. Reiss, le gouverneur, était responsable de toute la Galilée. Il voulait que je reste à Tarshicha, il a dit qu’il me donnerait une maison, que je pouvais retourner travailler. Je lui ai dit qu’aussi longtemps qu’il porterait l’uniforme de l’armée, je ne le voudrais pas. Il m’a donné une lettre et je suis retourné à Lod, et de là, à Ramle selon les instructions du parti communiste, pour diriger une structure. Je ne voulais pas être en prison à Tarshicha. A Tarschicha, j’étais en prison, je ne pouvais pas dépasser les limites de la ville. A Ramle, j’ai travaillé dans l’agriculture, et plus tard, dans une usine, jusqu’à ma retraite. J’ai élevé 7 enfants."